- Derrière les Jeux - avec Morgan TROUSSARD, joueur de volley assis aux JP 2024

Quand avez-vous commencé le volley assis ? 

J’ai commencé le volley en 2015, mais le volley assis en mars 2016. J’étais un des premiers recrutés au début du projet. Dans les joueurs de l’équipe de France, je suis le seul de cette période.  Au début c’était un sport secondaire car je faisais de la natation puis le volley assis est devenu prioritaire, donc j’ai arrêté la natation. 

Pourquoi avoir arrêté la natation ? 

Car le volley me plaisait plus. Surtout au fur et à mesure que je m’améliorais. Et les différents projets me plaisaient aussi, les championnats d’Europe, les potentielles coupes du Monde, les Jeux bien évidemment. Entre faire de la natation au niveau national et faire des compétitions de volley à l’international, le choix était vite fait.  

Quelles sont les différentes qualités requises pour votre sport ? 

Il faut une bonne communication. A la base je suis très introverti, donc la natation ça m’allait (Rires) ! S’il n’y a pas de communication, c’est compliqué. Ça m’a appris à m’ouvrir aux autres. Il faut aussi une bonne explosivité et lecture de jeu. Il faut savoir anticiper ce que va faire l’adversaire pour être le meilleur possible, chose que je n’avais pas dans la natation et que j’ai appris avec le volley. 

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le volley ? 

Le fait que ça soit ludique. Pour la natation, on est là pour la perf, si on ne l’atteint pas on peut être déçu alors que dans le volley, je le prends plus comme un jeu et même si on perd le point, il peut y avoir des choses que l’on a bien faites et continuer comme ça car au bout d’un moment ça va passer. Tout ne se joue pas sur un seul instant, la natation tu t’entraines plusieurs heures pour peu de temps dans le bassin. Le côté collectif est devenu important également. Mais aussi de le partager avec des personnes qui ont des choses en commun avec moi au niveau du passé.  

Comment se passe la sélection ?  

C’est comme une sélection normale ça se passe par rapport à tes résultats ton investissement etc... .  Mais pour que la nation participe, il faut participer aux compétitions World Para Volley. Et nous on ne faisait que les Para Volley mais Europe. Donc cette coupe du monde se passait au Caire, mais on ne pouvait y envoyer que 14 joueurs. Au début on était un groupe de 16, il en faut 12 pour les Jeux. La sélection en off a dû se faire vers mai 2024 et officiellement en juillet.  

Comment gérez-vous la montée d’adrénaline lors de moments cruciaux ?  

Il faut arriver à se focus sur ce que l’on a à faire et retenir que l’adversaire peut bien défendre, bien jouer où il faut pour contre carrer notre système de défense ou de réception. Moi pour les Jeux, j’ai longtemps travaillé mentalement parce que je suis quelqu’un qui se met beaucoup la pression. Mais je pense avoir réussi avec la prépa mentale à désacraliser le moment. Comme si c’était un match lambda. Tant que j’étais dans la concentration, je n’avais pas de pression. Après quand on se fait marteler à la tête au bout d’un moment la concentration c’est compliqué (rires) et là on ressent la pression. Mais la plupart du temps j’ai réussi à gérer la pression.  

Au tout premier match, le terrain de chauffe est sous les gradins. Donc tu entends les gens qui tapent des pieds, ça résonnait et là je me disais que ça allait être chaud. Mais dans le couloir pour rentrer, tout est parti. On est allé voir un match, on avait des supporters allemands à côté, on a échangé, vraiment rigolé, un bon moment de partage! J’étais content, j’avais juste une hâte, c’était de jouer le match et profiter du moment.   

Il y a une semaine on a gagné la Bronze Nation League que l’on n'avait pas gagné depuis 3 ans. Je savais qu’on pouvait la gagner, je ne me suis pas mis la pression. J’ai joué, le collectif a bien joué et du coup on a gagné. Bon, aux Jeux c’était un peu compliqué de performer contre des mecs qui font ça depuis très longtemps et qui sont professionnels (rires). Et c’est un beau parcours, on était là pour la promotion du volley assis, le but était de faire les plus beaux matchs possibles pour donner envie aux gens. On avait plus la vision de s’amuser et profiter du moment tout en faisant les meilleurs résultats possibles et plus on avançait plus c’était du bonus.  

C’étaient vos premiers Jeux Paralympiques, comment les avez-vous vécus ? 

C’était un truc de fou. Déjà, deux semaines avant on était en stage, donc on était déjà dans notre bulle. Mais je pense que je n’ai pas réalisé avant d’en parler après les Jeux. C’était incroyable, quand j’y repense, on était les personnages principaux et tout tournait autour de nous, c’était indescriptible. Le village, les bénévoles ... Il y en a un dans mon équipe qui nous a dit “En fait on est à Disney mais sans les attractions”. Les bénévoles étaient trop sympas, pourtant, certains ne faisaient pas des tâches hyper cools mais ils avaient le sourire. 

Je sais qu'au volley assis, on avait un grand capital sympathie parce qu’on était tout le temps souriant.  

À la cérémonie d’ouverture, on nous amène en bus au niveau de l’avenue des Champs Elysées, on avait 300 motards autour qui mettaient les sirènes. Avant d’arriver, on commence à marcher et il y avait des milliers de personnes qui nous acclamaient. Sur le coup, tu ne comprends pas. Les gens ne te connaissent pas mais sont trop dingues, ils veulent te checker etc. C’était un moment hors du temps. Pour la cérémonie de clôture on était moins proches des gens mais ça n’a pas empêché qu’ils soient à fond. Un moment, avec une bonne partie de la délégation France on s’est tous levés et c’était le bazar, on est allé checker le public. Aussi le club France c’était incroyable. On nous a dit après notre dernier match et notre intervention à la télé : “Vous allez défiler sur le podium”. On était les deux équipes hommes et femmes plus les staffs, les gens étaient fans, ils ne nous connaissent pas, on ne sait même pas s’ils ont vu notre épreuve, mais c’est une grande dose d’amour qui fait du bien. Je n’avais jamais ressenti ça. Moi qui aime être discret, j’ai trop aimé. On a redéfilé à la fin après la cérémonie de clôture au club France. C’était plein a craquer et on était les 200 athlètes. C’était dingo il y en a qui sautaient dans le public, il y avait un canoë gonflable qui faisait le tour du club France avec des personnes dedans, des dédicaces de partout...  

Ce n’est pas trop compliqué quand tout s’arrête ? Pas de blues des JO ? 

Franchement moi ça ne m’a pas plus affecté plus que ça car comme je l’ai dit je suis quelqu’un de plutôt discret. J’en parle avec nostalgie mais ce n’est pas forcément quelque chose qui me manque. Je sais que dans l’équipe, certains le vivent moins bien, il y en a un qui est parti un peu plus tôt il nous a dit “Faites gaffes les gars quand vous sortez vous ne pouvez pas payer avec le badge Coca pour avoir des boissons” (rires).  

On ressent beaucoup que vous avez vécu un moment incroyable et merci de nous partager ça, mais est-ce qu’il y a eu des moments un peu plus durs ?  

Je n’ai pas souvenir de moments durs ou tristes. On n'était pas triste de se quitter parce que l’on savait qu’on se revoyait deux semaines après pour un stage. Sauf la famille qui manque surtout quand on les voit en tribunes, mais on les voit après dans la family zone. Ça faisait trois semaines et demie qu’on était ensemble, je sais qu’après le dernier match, je vais dans la family zone, je vois ma copine et je craque alors qu’avant je n’avais pas craqué. Je pense que tout est retombé d’un coup. Ce n'est pas un moment dur mais la décompression d’un coup fait du bien. 

Est-ce que vous pensez que les Para ont été différents des précédents ? 

Je ne sais pas trop. Pour en avoir parlé avec des gens qui en ont fait plusieurs, effectivement c’était dingue et même le président du Comité International Paralympique disait que Paris 2024 resteraient la référence car on a mis la barre vraiment haute et que les prochaines olympiades devront être pareilles.  

Et vous pensez que les paralympiades de 2028 le seront autant ? 

Los Angeles ça va être totalement différents, on verra des récaps plutôt que les épreuves en direct. Au niveau de la diffusion en France, ça va être compliqué. Mais pour les Jeux, les Etats-Unis vont avoir un certain égo à vouloir faire pareil, voire mieux. Ça ne peut aller que sur le positif. Et la vision du sport handicap s’améliore en France par rapport à quand j’ai commencé. Pour le volley assis, les gens voyaient des sportifs un peu novices en volley qui faisaient du para sport, ce n’était pas fou, donc il n’y avait pas trop d’encouragements. Maintenant je connais des gens qui critiquaient qui me disent “ah ouais, je comprends pourquoi tu as continué”. Le handicap c’est beaucoup plus clair pour pas mal de personne. Dans l’équipe on fait tous des interventions dans des écoles pour sensibiliser à ça, pour que les jeunes se mettent au sport et pour leur montrer que même si tu as une différence physique tu peux pratiquer du sport ça ne change absolument rien, tu peux trouver ton sport adapté et éventuellement rêver à aller vers le haut niveau, tout est possible.  

Qu’est-ce que cela vous a apporté personnellement ? 

Les paralympiques m’ont fait prendre conscience que j’avais une influence sur les gens, même autour de moi, qui viennent te recontacter en te disant “c’est exceptionnel ce que tu fais” “continues” etc. .... J’en ai reçu énormément. J’ai coupé les réseaux et messages pendant les Jeux, je ne répondais qu’à ma famille, et quand j’ai rouvert tout ça, je pense que j’ai passé trois jours à répondre à tout le monde. 

Et quel est votre meilleur souvenir ? 

Aux Jeux c’est vraiment dur car il y en a beaucoup. Hors sportif je dirais la cérémonie d’ouverture ou le podium. Et dans le sport les Marseillaises à chaque fois c’était dingue, quand tu as les trois quarts d’un stade qui chante avec toi ça donne les frissons.... Je n’ai pas pleuré, mais je sais que certaines chez les filles oui ! 

Est-ce que vous avez une petite anecdote marrante à raconter ? 

Une fois Karen (NDRL : Karen Faimali Meger de l’équipe de France féminine) était dans un ascenseur avec certains de l’équipe de Goalball, mais sans savoir que c’était eux, elle leur demande à quel étage ils vont et ils lui répondent au 9ème et elle leur dit “Ah bah vous devez avoir une belle vue !” et il y en a un qui lui répond ‘Bah on ne sait pas on est aveugle !” (Rires). Donc c’est plein de petits moments comme ça qui sont super drôles qui nous aidaient beaucoup à décompresser entre athlètes ! 

Après les JP quelles sont vos futures échéances ? Est-ce que l’on vous voit en 2028 ? 

Moi pendant toute cette période où j’ai pris le volley assis au sérieux et où je me suis investi (depuis 2018), j’ai vraiment tout mis entre parenthèses. Tout dépendait du calendrier, que ça soit les contrats de travail, mes relations personnelles, c’était assez difficile à gérer. Pour être sûr d’aller aux Jeux, j’ai complètement arrêté de travailler en juillet 2023. Je souhaitais reprendre une vie professionnelle. Aujourd’hui, j’ai repris un boulot en tant que responsable de service après-vente dans une entreprise de plomberie chauffagiste. 

Rien à voir avec le sport ! 

Rien à voir ! J’aurais bien voulu mais je n’ai pas les formations pour. Je voulais vraiment reprendre un travail donc c’est très bien. Pour ma vie personnelle, je suis avec ma compagne depuis un petit moment maintenant, qui a supporté tout ça (rires) parce que quand on s’est rencontré j’étais déjà dans ce projet-là ! Mais pour ceux qui étaient mariés avant de commencer, tout ça pouvait être un peu plus compliqué au niveau des emplois du temps, surtout quand il y a des enfants. En plus, pour certains, quand ils ont commencé le volley assis à ce niveau, leur carrière professionnelle était bien entamée, moi je n’étais encore qu’étudiant, aux entretiens d’embauche, dire directement les dates où tu n’es pas disponible ça repousse un peu.  

Quand on a gagné la Bronze Nation League j’ai prévenu le sélectionneur que c’était ma dernière, en tout cas, en tant que joueur de volley assis international permanent. Je peux revenir à quelques occasions s’il a besoin avec plaisir mais pas autant que ce que l'on vient de faire. Mais c’est vraiment une expérience à faire au moins une fois dans sa vie si on en a l’occasion. Je sais que certains ont le projet 2028 mais il y a aussi une question de budget. La fédération a mis beaucoup d’argent pour la préparation de ces Jeux notamment grâce à des subventions. Maintenant elle ne les a plus, ça reviendra pour peut-être pour 2028, et je l’espère pour ceux qui ont ce projet, mais ça dépend aussi des performances de l’équipe. On a prouvé qu’on avait passé un cap en gagnant la Bronze Nation League, ça faisait trois ans qu’on arrivait 2ème ou 3ème. On passe sur la Silver pour la saison qui arrive, les championnats d’Europe B qui arrivent dans un mois et demi et je pense qu’ils peuvent nous sortir des beaux matchs donc c’est vraiment encourageant ! 

- Derrière les Jeux - avec Cécile Demaude escrimeuse paralympique aux JP 2024

Dans cette 5ème édition de "Derrière les Jeux", l'escrimeuse paralympique Cécile Demaude nous raconte son parcours, ce que l'escrime lui a apporté mais également ses plus beaux souvenirs !

Quand avez-vous commencé l’escrime fauteuil et où ? 

J’ai commencé en 2003 en région parisienne dans le club de Plessis Bouchard dans le 95. Je suis arrivée au CAM Escrime de Bordeaux vers 2020. Après avoir fait les Jeux de Rio en 2016 dans mon club Le Masque de Fer à Lyon, j’ai voulu changer de club car je voulais complètement changer ma façon de m’entraîner et de faire. Le CAM Escrime m’a ouvert ses portes et donné toutes ses compétences ainsi que son suivi, que ce soit celui du Président Alexandre Diridollou, et les maîtres d’armes Clément Cambeilh et Romain Noble. Ils ont fait en sorte que je puisse m’entraîner comme il faut en venant 2 semaines complètes à Bordeaux par mois. Cela me permettait de ne pas avoir en tête autre chose que l’escrime.   

Par quelle arme avez-vous commencé ? 

J’ai commencé par le fleuret car mon premier maître d’arme était fleurettiste de base puis j’ai continué en parallèle avec l’épée qui est l’arme la plus facile à commencer quand on est adulte. La seule différence c’est qu’en handi, le bas du corps ne compte pas et il n’y a pas les conventions. Puis en 2021 je me suis mise au sabre car le CAM Escrime est un club plutôt de sabre. Je m’étais dit que pour ma carrière j’arrêterais après Tokyo mais je n’ai pas été sélectionné et avec le Covid, le parcours de sélection ne s’est pas terminé normalement car nous n’avons pas pu finir toutes les compétitions. Voyant arriver Paris 2024 je me suis dit qu’il fallait que j’y arrive. Puis vu qu’à la base je suis épéiste, j’avais envie de découvrir autre chose donc c’est pour ça que je me suis tournée vers le sabre. Aux Jeux j’ai participé en individuel au sabre, à l’épée et j’ai fait partie des équipes fleuret et épée.  

Avez-vous fait d’autres sport avant l’escrime ? 

Je suis en fauteuil depuis 1999, mais avant en valide j’ai touché à plusieurs sports tels que le tennis, le tennis de table, le handball, le basket, la gym. Mais jamais à haut niveau. Quand je me suis retrouvée en fauteuil, je me suis dit que ça serait bien de faire quelque chose. A l’époque c’était un peu plus compliqué, dû à la sclérose en plaque qui était encore plus lourde, donc j’ai cherché un sport que je n’avais jamais fait en tant que valide car la maladie a fait que j’ai perdu la sensation à droite et vu que je suis droitière de base, il a fallu réapprendre et je ne voulais pas un sport ou il y avait de la comparaison entre ma main droite et la gauche. J’ai découvert ce sport vraiment par hasard lors d’une démonstration par le biais de l’association des paralysés de France, j’ai essayé, j’ai accroché et j’avoue que la tenue blanche et le masque étaient sympathiques. Quelque part derrière le masque on est un peu caché, ça permet d’être quelqu’un d’autre, moi je suis quelqu’un de très introvertie donc le fait de mettre le masque ça devient un vrai combat et ça permet de se défouler et sortir des émotions que l’on n'a pas l’habitude d’avoir sans le masque. Je n’ai plus jamais quitté à partir de ce moment-là ! 

Quelles sont les valeurs de votre sport ? 

Il y a le côté combat mais avec un profond respect pour l’adversaire. C’est quelque chose de très important. Dans l’Antiquité, quand on combattait avec une arme, c’était pour tuer l’adversaire. Là, le plus important c’est gagner bien sûr, mais dans le respect de la réglementation et de l’adversaire. On est là pour gagner mais aussi pour s’amuser, il ne faut pas l’oublier. Le sport, comme tout sport à la base c’est un jeu. La tenue blanche et ce respect ce sont pour moi des valeurs très importantes et ça se répercute dans ma vie personnelle.  

Ce sont vos troisièmes Jeux après Londres et Rio, comment gérer vous les montées de stress et d’adrénaline ? 

Déjà, ce n’est pas donné à tout le monde ! J’ai commencé l’escrime à 33 ans et quand j’étais petite, jamais je ne pensais faire les Jeux et encore moins plusieurs fois.  

Pour Paris ça a été très différent des autres Jeux. Il y avait le fait d’être avec la famille, les amis, les personnes qui vous soutiennent, le public qui ne vous connait pas mais vous soutient, c’était vraiment top. Ça m’a permis de garder la tête froide. Ça a été un travail avec mes préparateurs mentaux mais j’essaye de garder le fait que c’est un jeu et que j’ai envie de m’amuser. Alors oui, on a envie de bien faire, encore plus à Paris, ne pas décevoir la famille, les amis, le public. La pression est là, c’est sûr, mais c’était mes troisième Jeux donc je savais où j’allais. Chaque compétition est différente. On la gère différemment mais j’ai toujours du soutien, tout avait été mis en place pour que ça se passe bien. 

Même si ça n’a pas été ce que l’on souhaitait, finir 4ème c’est la place la plus difficile pour moi. Mais quand je fais des interventions avec des enfants et qu’ils me disent “On t’a vu à la télé, c’était super, tu nous as fait vibrer” c’était la récompense et ça apaise la peine de cette 4ème place. Et il faut être réaliste, c’est une compétition où on est tous là pour aller chercher l’or, mais ça fait partie du jeu ! 

Qu’est-ce que vous avez le plus aimé dans ces Jeux de Paris ? 

Ce que j’aime dans les compétitions c’est le moment on je me retrouve face à face avec mon adversaire. C’est le moment où tu te mets en route, tu te motives, t’y crois le plus.  

Après à Paris comme je l’ai dit c’est vraiment le public, il a été au top. C’est quelque chose que je n’ai pas vécu à Londres ou Rio. C’était assez marrant car sur les armes de conventions, il y en avait beaucoup qui ne connaissaient pas les règles mais qui étaient acquis à notre cause, et les arbitres se faisaient siffler par moment alors qu’ils avaient raison mais ça leur donné quand même le doute mais toujours dans la bonne ambiance ! Même nous, ça nous faisait douter par moment ! Et le cadre au Grand Palais c’était magnifique ! Ça a été une parenthèse enchantée.  

Quels étaient les moments les plus durs ? 

La 4ème place a été compliqué à accepter. C’étaient sûrement mes derniers Jeux donc il y avait l’intention de briller et on avait le potentiel et je suis assez réaliste en disant ça car ça ne s’est pas joué à grand-chose à chaque fois ! On y a cru jusqu’au bout et on a bien tiré. Ce sont des regrets sans être des regrets car il n’y en aurait pas eu si vraiment on était passé à côté. Mais on était vraiment une équipe soudée donc c’était fort de vivre ça ensemble.  

Est-ce que vous pensez que ces Jeux Paralympiques ont été différents des précédents ?  

Oui ils ont été différents pour les Français car ça se passait en France. Mais je trouve que ça a été une réussite aussi, à Londres c’était très bien aussi, Rio, un peu différent, mais là le public été présent pour nous ! Ils étaient là tous les jours.  

Est-ce que vous pensez que ça va avoir un réel impact sur la mise en lumière du sport handicap et sur l’handicap tout court ? 

J’espère, après on verra ! Moi ça fait plus de 20 ans que je suis en fauteuil, il y a eu des évolutions mais c’est encore lent. Je préfère rester sceptique pour ne pas être déçue. J’ai envie d’y croire mais il y a encore des choses ou on se dit “Ah, bah ils y ont pensé mais que pendant un temps...”. Même s’il y a plus de visibilité sur les personnes en situation de handicap mais ça devrait être plus une norme et non pas une exception.  

Qu’est-ce que cela vous a apporté personnellement ? 

Déjà la discipline en elle-même m’a permis de récupérer de la mobilité à droite, d’’être beaucoup plus autonome par rapport à mon handicap. Je voulais socialement me replacer. Au début en loisir, je ne travaillais plus. Puis j’ai performé, j’ai participé aux Jeux de Londres et de suite j’ai eu un but, ce qui était important pour moi lorsque je me suis retrouvée en fauteuil. On pense qu’on a tout perdu mais finalement non, c’est de l’adaptation, et j’ai trouvé ça dans l’escrime. 

Ensuite, j’ai été déçue pour les personnes qui s’étaient investies auprès de moi, même si elles m’ont répété qu’elles étaient fières ! Donc je m’aperçois d’une certaine fierté car les gens sont bienveillants par rapport à tout ça donc je trouve ça top et j’ai envie de croire que ça va continuer dans le tout.  

Ça m’a apporté des émotions et surtout le dépassement de soi.  

Est-ce qu’il existe un blues des Jeux ? 

C’est difficile de reprendre une vie normale oui ! J’ai pleins de questions qui se posent sur la suite de ma carrière. Je n’irai potentiellement pas jusqu’à Los Angeles mais s’arrêter d’un coup c’est compliqué. Je me laisse la porte de continuer et on verra sur la suite ! Je fais déjà pas mal d’interventions autour de ça donc c’est cool ! Mais je ne suis pas encore au moment où je retourne complètement dans la vie “normale”.  

Quel est votre plus beau souvenir ? 

C’est à la fois le plus beau et le plus dur mais c’est cette 4ème place avec mes coéquipières ou durant tous les combats on y a cru jusqu’au bout et cette équipe était fantastique comme je l’ai déjà dit ! Avec les filles on était au top ! 

- Derrière les Jeux - avec Claude LABANÈRE, Médecin de Paris 2024

Le Médecin manager des tournois de rugby à 7 aux JO nous raconte son parcours, comment il a été convoqué pour ce poste mais également ses plus beaux souvenirs !   

Depuis combien de temps êtes-vous dans la médecine du sport ? 

Je suis dans la médecine du sport depuis 25 ans. J’ai d’abord commencé ma carrière à l’hôpital de Dax, en tant qu’urgentiste mais également médecin du sport. Sur les deux dernières années de ma carrière hospitalière, j’ai ouvert une consultation traumatologie du sport en orthopédie et participé au démarrage du plateau VO2 max dans le même hôpital pour l’évaluation physiologique des sportifs. En 2001, j’ai rejoint la clinique du sport à Bordeaux pour me consacrer pleinement à la médecine et la traumatologie du sport.

Pourquoi avoir choisi la spécialisation dans le sport ?

J’ai un parcours de sportif. J’ai commencé le rugby à 5 ans et pratiqué pendant 27 ans. En complément j’ai pratiqué de l’aviron pendant mes années collège. Après le rugby, j’ai pratiqué en senior du foot pendant 3 ans ainsi que du triathlon pendant 10 ans. J’ai bénéficié d’une éducation dans l’esprit ASICS (“Anima Sana In Corpore Sano” : Un esprit sain dans un corps sain). Dès que j’ai terminé ma carrière de sportif, compétiteur, j’ai décidé de partir dans cette voie. Ce n’est pas dissocié. On fait ce métier parce qu’on est persuadé que le sport pratiqué correctement est source d’équilibre de développement personnel et d’intégration sociale. 

Quel est votre parcours ?

J’ai travaillé sur le Tour de France entre 1998 et 2000, à l’Union Bordeaux Bègles pendant 9 ans entre 2006 et 2015 et en même temps, j’ai eu la chance d’officier en tant que Médecin des tournois Sevens pour World rugby (NDLR : Rugby à 7) à Bordeaux (2004) et à Paris (2005 et 2006, puis 2016). J’ai pu être le manager Médical du site de Bordeaux pour la Coupe du Monde de Rugby à XV de France 2007. A cette époque (1999-2009) j’étais aussi investi au sein de la Fédération Française de Triathlon en tant que médecin des équipes de France. De 2017 à 2021, a été une expérience professionnelle exceptionnelle, impliqué en tant que médecin de l’équipe de France de rugby à 7 masculine sur le SWS (Sevens World Series = circuit mondial de rugby à 7)

Entre 2022 et 2023, le SWS faisait étape à Toulouse (France Sevens), me donnant l’occasion d’œuvrer en tant que médecin Officiel du Tournoi pour World Rugby ; les contacts avec des staffs de nations étrangères m’offrent l’opportunité d’intervenir ponctuellement depuis, auprès d’équipes se déplaçant en France lors des compétitions européennes , en substitution de leur médecin de club. 

Quel était votre statut et comment avez-vous été choisi pour être médecin au rugby à 7 aux JO ?

Le Comité d’Organisation des JO (COJO) m’a proposé la fonction de Médecin Manager des tournois de rugby à 7 Olympiques masculins et féminines au stade de France, intégrant également l’équipe d’organisation de Paris 2024. J’ai pris ça comme un grand honneur et un grand privilège !

Quel était votre rôle ?

Je devais superviser les 12 équipes masculines et les 12 équipes féminines, (environ 312 joueurs et joueuses), plus toutes les parties prenantes sur le terrain, dont les staffs mais également les arbitres, qui étaient une quarantaine.  Tout cela sur les deux zones d’activités dédiées au rugby : la plaine des Jeux de Marville, où se trouvaient les terrains d’entraînement, ainsi que le Stade de France (terrain d’échauffement et de compétition), en lien avec les staffs médicaux d’équipes, ainsi que la polyclinique du Village Olympique et l’hôpital Bichat dédié aux athlètes. 

Ceci a nécessité, un travail préparatoire d’amont 8 mois avant l’évènement, d’élaboration du dispositif en terme de constitution d’équipe de médecins, chirurgiens, infirmiers, secouristes pour les terrains d’entraînements et pour le temps de compétition. 

C’est un travail d’équipe qui a été fait conjointement avec Dr Philippe Le Van (le directeur médical du COJO et Président de la commission médicale du Comité National Olympique du Sport Français), Dr Pierre Mauger (responsable des services médicaux de Paris 2024), Sylvie Delacroix (chef de cluster du site du Stade de France) et Dr Sandra Bernard (directrice médical ISMA Paris, en charge du dispositif secours du public du Stade de France).

On a envisagé tous les scénarii possibles de plans d’urgence pouvant toucher le public, et les sportifs pour mon cadre de compétence. Ensuite on a anticipé toute la logistique en terme de matériel utile sur la traumatologie spécifique du rugby à 7, avec des collisions à très haute énergie cinétique, et les protocoles de prise en charge spécifiques à chaque type de blessure. 

C’est un sport extrême, on considère le rugby à 7 comme la Formule 1 du rugby à XV : c’est le deuxième sport le plus traumatogène des Jeux  d’été, après le BMX !

J’étais le seul salarié, les autres intervenants médicaux étant bénévoles. C’est la spécificité de l’Olympisme. Cela demande un exercice d’adaptation très particulier, car sur les autres tournois internationaux où j’évolue, l’équipe de terrain multidisciplinaire est constituée de professionnels, qui connaissent le rugby et qui ont l’habitude de travailler dans cet environnement-là. Les médecins impliqués aux JO ont dû sortir de leurs zones de confort, pour s’adapter à un environnement singulier et aux exigences des compétiteurs et des staffs. Et il ne faut pas perdre de vue que nous sommes garants de l’intégrité physique des joueurs et de leur sécurité.

 Tout s’est remarquablement bien passé ! Et je leur en suis très reconnaissant.

C'est important que vous mentionniez les arbitres car on oublie souvent que ce sont des sportifs à part entière !

Totalement ! Au-delà de leurs compétences, de leur analyse, et des techniques d’arbitrages, ils ont des prérequis physiques qui sont très élevés, surtout au rugby à 7, où tout va encore plus vite qu’au rugby à XV. Les tests physiques sont rédhibitoires, s’ils ne les passent pas, ils ne sont pas invités ! Les exigences de course sont les mêmes que les joueurs et joueuses. La seule différence c’est qu’en principe, ils ne subissent pas d’impacts, mais ça arrive quand même ! (Rires). 

Il ne faut pas oublier que nous œuvrons, en tant qu’officiels de compétition, de concert avec les arbitres, dans le respect des règlements de World Rugby, de la charte Olympique, tous garants de la sécurité des joueurs et de leur intégrité physique.

J’ai ainsi un lien privilégié avec le collège des arbitres internationaux et leurs superviseurs, de par ma fonction.

Êtes-vous apte à aborder les questions de prépa mentale, gestion de stress etc ?

La gestion du stress est une préoccupation majeure, à l’approche d’une telle compétition : questions sécuritaires (risques terroristes, mouvements de panique de foule, urgence climatique…), questions sanitaires (risques de toxi infections collectives, cluster viral, …) autant de risques à appréhender dans les plans d’action sécurité secours, pour éviter tout stress individuel et collectif.

Dans mon rôle de médecin manager dans ce type de compétition, faire preuve de bienveillance envers les équipiers du dispositif, les préparer aux situations d’urgence, dans un esprit collaboratif, et faire en sorte qu’ils se sentent encadrés en climat de confiance réciproque, qu’ils réalisent que c’est un bonheur d’être acteur d’un tel évènement sportif, relève de la préparation mentale collective.

Relativement à nos interactions avec les joueurs blessés et leur staff médical, nous nous devons d’appréhender la blessure sous l’angle de la victime : « est ce rédhibitoire pour la suite du tournoi ? » si oui , nous partageons avec le médecin d’équipe une part de la gestion des réactions émotionnelles de la victime. ; dans le cas contraire est-ce qu’il y a un sur-risque de blessure et est-ce que ce risque vaut la peine d’être pris ?”. Par exemple, un joueur blessé qui se fracture le nez pendant un match classique de rugby, il a potentiellement 8 jours pour récupérer avant le match suivant, tandis que lors d’un tournoi olympique de rugby à 7, il a trois heures pour que l’on décide s’il joue le match suivant ou pas. La motivation du joueur n’est pas tout à fait la même. Une olympiade c’est tous les 4 ans. Pour la plupart d’entre eux ça sera une fois dans leur vie donc il est hors de question pour eux de rater le match suivant. Au-delà, de la coordination de la prise en charge des soins d’urgence, il faut échanger et tout ça dans le respect du règlement international de World Rugby. 

Notre rôle reste dans l’essence de l’acte médical : « Rassurer, soulager, (voire) guérir ! »

Est-ce qu’en étant membre de staff, vous vivez les matchs avec autant d’adrénaline que les joueurs ? 

Quand je regarde un match de rugby, quelle que soit l’équipe ou la nation, je n’ai pas le même regard qu’un supporter ou qu’un spectateur. Quand je vois un joueur au sol, qui ne se relève pas, mon regard est fixé sur ce joueur-là, je n’arrive pas à m’en défaire, je ne regarde plus le ballon !  

Notre attention sur les actions de jeu traumatogènes et notre concentration doivent être totales. 

Il n’en demeure pas moins que l’on n'est pas insensible à l’environnement global, aux réactions des joueurs qui peuvent nous donner des indications de faits de jeu, et aussi aux réactions du public très expressives sur les gros impacts, et collisions à grande vitesse, surtout dans un Stade de France plein à craquer et dans une effervescence totale !  

Dans notre registre d’observation et d’action, ça reste adrénaline de l’intérieur, mais dans le contrôle émotionnel et la maîtrise des procédures d’intervention, et ce d’autant plus que les matchs s'enchaînent en format Sevens Olympique toutes les 30 min. 

Qu’est-ce que vous avez le plus aimé ? 

L’ambiance au Stade de France était vraiment exceptionnelle. Ça a atteint tous les niveaux de population, y compris ceux qui ne connaissaient rien au rugby et qui rencontraient des difficultés à accrocher à ce sport au vu de sa complexité de compréhension. Même Antoine Dupont, s’en est étonné : il n’a jamais vu ça dans aucune rencontre même lors de la Coupe du Monde de Rugby à XV. Il y avait déjà une fraternité incroyable sur la phase de préparation sur les terrains d’entraînements. Tout cela était certainement dû au fait que l’édition de Tokyo a généré quelques frustrations, donc toutes les délégations avaient à cœur de retrouver les JO tels qu’ils font rêver. Quand j’ai accueilli les équipes c'était très chaleureux. Il devait y avoir la magie de Paris également. Les sportifs ont découvert Paris et sites de compétitions dans des écrins majestueux : stade de France dans son plus bel « apparat olympique », stade nautique de Vayres sur Marne, grand Palais et Château de Versailles majestueux, place de la Concorde travestie en city stade, autant de sites incroyables ! Moi-même je n’ai pas reconnu Paris !  

Enfin, le rugby à 7 est un sport jeune dans les Olympiades. La discipline est arrivée en 2016 à Rio, bon le Brésil, ce n’est pas une nation de rugby donc c’était dans un stade annexe ; à Tokyo c’était la période Covid.... Finalement c’est la première fois que la compétition se tient dans un continent avec une forte culture rugby. Toutes les nations étaient présentes pour la fête du rugby dans l’olympisme, c’était assez magique. Puis il y a la magie de la mise en scène avec des animations qu’a découvert le grand public. Dans les tournois de rugby à 7, c’est très festif et familial.  

Je ne pensais pas qu’il y aurait un tel engouement et une telle effervescence. Je pense qu’on n'était pas nombreux à s’attendre à vivre ce que l’on a vécu, que ça soit professionnels, bénévoles ou spectateurs et supporters de sport. Je dis supporters de sport car pendant toute la période il n’y avait que des supporters de sport car chacun supportait sa nation mais également celle des autres. 

J’ai senti énormément de fraternité, de solidarité et de bienveillance entre tous. 

La mobilisation des bénévoles m’a également beaucoup touché. J’ai eu un peu peur au début car j’ai dû composer avec des personnes que j’ai rencontré le jour J. Mais leur implication et leur capacité à s’adapter m’a vraiment marqué. Engager sa responsabilité sur un événement comme celui-ci n’est pas à prendre à la légère ! Ils ont vraiment été remarquables. C’est la première fois que je vois autant de bénévoles sur une compétition internationale. Ça a été vraiment un plaisir de les manager, ils ont tous su apporter leur enthousiasme, leur altruisme avec une énergie décuplée et le sourire aux lèvres.  

Enfin le contact avec toutes les nations dont on a partagé les émotions tout au long du tournoi !  

Qu’est-ce que cela vous a apporté personnellement ? 

Ça m’a apporté beaucoup de plaisir à travailler sur un dispositif aussi singulier : 

D’une dimension extraordinaire : stade de 70000 personnes (en configuration JO Paris 2024) plein pendant 6 jours de compétitions 

À caractère international : anglais et français langues officielles 

À forte participation de bénévoles.  

Une rigueur dans l’organisation : timing précis des tâches de briefing d’équipes, élaboration de protocoles de prise en charge 

Un travail sur la forte adaptabilité nécessaire à la fonction :  au bout de 5h de poste de travail, je changeais d’équipe, donc il fallait réitérer accueil, consignes de tenue et de comportement, briefings techniques !  

C’est une expérience vraiment unique, qui apporte beaucoup en termes de dépassement de soi, au service d’une mission collective : dans l’esprit rugby en fait !  

Également la nécessité d’être ultra positif pour mettre en confiance le personnel, le temps d’adaptation pour eux est très très court, par exemple, les secouristes arrivent 2h avant le coup d’envoi. Dans ce laps de temps, il faut les mettre en confiance et suffisamment les briefer pour que tout soit optimum.  

Aussi, arriver à être dans la gestion émotionnelle, comme je le disais, l’environnement est plein d’effervescence, l’équipe de France masculine gagne, ils sont champions olympiques mais derrière il y a d’autres matchs, pas que la France. Il faut de la maîtrise face aux autres équipes aussi. J’ai un rôle officiel, il me faut être bienveillant et neutre.  

Enfin, de l’expérience internationale. Ce vécu renforce les liens internationaux. J’ai eu la chance d’être sur le circuit de SWS pendant 5 ans et de vivre ces événements-là ça crée des liens plus intenses et qui font que quand on se retrouve après plusieurs années, on a ce vécu commun.  

Avez-vous un blues des JO ? 

Non je ne dirais pas ça car j’ai une activité professionnelle qui ne m’a pas laissé d’autre choix que de passer vite à autre chose donc je n’ai pas eu le temps. C’est passé très vite ! Même si c’était dense (3 semaines avec 5h de sommeil par nuit). On m’avait proposé de faire le rugby fauteuil mais je ne me sentais pas de prolonger de 2 semaines supplémentaires donc je n’ai pas répondu favorablement... Je l’ai clairement regretté car, en devenant le bon français supporter, j’ai été absolument séduit par le niveau de performance des para-athlètes. La boccia, j’avais un a priori et j’ai été happé, admiratif du niveau de précision et de performance. Les épreuves de para-athlétisme, nous ont fait la démonstration de l’incroyable capacité d’adaptation de l’être humain, montrent que tout est possible, que la résilience mène à l’extraordinaire. 

Petite frustration ressentie en quittant le Stade de France, pour laisser place à la grande scène de l’athlétisme, après les tournois de rugby, de voir tous ces athlètes s'entraîner sur le site, et ne pas les voir en compétition.  

J’ai suivi les JPOJ devant mon poste de télévision et me suis vraiment dit à la fin que j’avais raté un truc. Je n’avais pas pris la mesure de ce que c’était, de ce que représentait le parcours de vie de chacun de ces para-athlètes : respect et admiration. Ils sont inspirants. Pour moi le paralympisme est allé au-delà de l’olympisme, mais sinon c’était vraiment une expérience inoubliable.  

On vous verra en 2028 ?

Oui oui, si World Rugby me sollicite  j’y retourne. Je suis totalement enthousiaste à l’idée de reparticiper aux Jeux Olympiques et Paralympiques.

Est-ce que vous avez une anecdote drôle à nous partager pendant les JO ? 

Il y a un arbitre qui s’est fait plaquer par un joueur au bord d’un ruck devant la ligne car l’arbitre avait les mêmes couleurs de chaussettes que l’équipe adversaire, donc le joueur qui l’a plaqué s’est repéré à ça ! Heureusement il ne s’est pas fait mal ! 

Ensuite, il y a 7 ans, lorsque le staff actuel est arrivé, lors d’une réunion, Jérôme Daret (NDLR : Manager principal de l’équipe de France masculine de rugby à 7) a fait un sondage au début de la saison pour connaître les ambitions et objectifs autour des JO. Joueurs et membres de staff ont répondu sur un bout de papier. On a fait le tour des réponses et Jérôme était le seul à avoir répondu “gagner les JO en France”, quand pour la plupart c’était “Y’aller, voir comment ça se passe et y participer”. Très peu avaient dit “Avoir une médaille” et encore moins “avoir la médaille d’or”. Ce moment-là a résonné en moi quand ils ont gagné. C’est l’influence positive de quelqu’un qui met les moyens dans l’objectif et qui veut y croire, alors qu’il y a 7 ans, l’équipe était 12ème au classement mondial. En plus, quand on a le scénario parfait qui se termine par battre les doubles champions olympiques en titre, invaincus dans toutes les rencontres des JO (NDLR : l’équipe fidjienne), c’est encore plus beau !

- Derrière les Jeux - avec Éric ZELENAI, Bénévole de Paris 2024

Le nouveau président du Comité Départemental du Sport Adapté, élu au CDOS Gironde et bénévole dans plusieurs manifestations sportives, nous raconte son vécu en tant que bénévole aux Jeux Olympique 2024 au sein du Matmut Atlantique.  

Pourquoi avez-vous voulu être bénévole pour ces Jeux de Paris 2024 ? 

J’ai déjà fait plusieurs manifestations en tant que bénévole. C’est une chance d’avoir les Jeux en France, la dernière fois c’était il y a 100 ans, et encore plus d’être dans une ville qui accueille une discipline (NDLR : le football). Donc c’était l’occasion de voir le monde olympique ! 

Pourquoi avez-vous décidé d’être bénévole ? 

Parce que je me suis retrouvé à ne plus pouvoir travailler. Il n’y avait pas 36 solutions. Ou je restais chez moi devant ma télé, ou je faisais quelque chose qui me plaisait en faisant du bénévolat. Je m’y suis pris et depuis, j’en fais tout le temps. 

A quels Jeux avez-vous participé ? 

On était un groupe de 6 bénévoles appartenant au Comité Département du Sport Adapté avec nos encadrants et nous n’avons participé qu’aux Jeux Olympiques à Bordeaux. Nous souhaitions faire également les Paralympiques à Paris, mais malheureusement cela n’a pas pu être possible. 

Et aux Jeux Paralympiques vous auriez eu une discipline préférée ? 

Non peu importe le sport, je n’avais pas de préférence. 

Aviez-vous déjà été bénévole pour une manifestation sportive auparavant ? 

Oui, j’ai été bénévole pour les deux Coupes du Monde de Rugby en France (2007 au stade Chaban Delmas et 2023 au stade Matmut Atlantique). J’ai également été bénévole aux Championnats du Monde du sport adapté, les Global Games, l’année dernière à Vichy. J’ai également fait du bénévolat en tant que stadier pendant 15 ans au Stade Rochelais.  

Quelles ont été vos tâches en tant que bénévole aux JO et dans vos autres manifestations ? 

Aux JO, la première journée, j’étais à l’entrée d’une partie des tribunes, puis je suis passé à l’entrée pour scanner les billets. Aux Coupes du Monde de rugby également. 

Quel est votre plus beau souvenir ? 

Mon plus beau souvenir et qui est le plus important, c’est le dernier match à Bordeaux, le quart de finale entre la France et l’Argentine : il y avait une ambiance incroyable, le stade était plein, c’était vraiment très fort à vivre. Tout s’est vraiment bien passé ! A la fin des matchs on retournait aux portes pour faire sortir le public et il y avait une ambiance extraordinaire, les gens se tapaient dans les mains etc... On avait un local, qui était un des salons du stade, ce qui était bien c’est que tranquillement on faisait rentrer les personnes dans le stade puis on allait dans ce salon où on pouvait voir les matchs. J’ai également retrouvé pendant le bénévolat aux JO, des personnes avec qui j’ai été bénévole pendant la coupe du monde de rugby, les mêmes agents de sécurité également donc c’était vraiment une bonne ambiance partout ! 

Qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre vie de bénévole ?  

Participer aux JO c’est quand même fort, on ne peut pas faire plus haut je pense ! C'est un peu compliqué de faire mieux. Mais on est en liaison avec une personne de la Fédération de Sport Adapté qui s’occupe de ça et qui va nous orienter s’il y a de nouveau de grandes manifestations.  

Vous avez un petit blues ? 

Oui un petit, c’était vraiment sympa. Il y avait vraiment une différence entre les Jeux et les autres manifestations que j’ai faites. Notamment au niveau des sponsors où la direction des bénévoles était plus stricte et rigoureuse qu’à la Coupe du Monde de Rugby par exemple. Mais pour l’ambiance c’était aussi extraordinaires les unes que les autres. 

Vous souhaitez participer aux Jeux de 2028 ?  

Pourquoi pas ! Je parle un peu anglais donc ça peut le faire (rires). Mais dans le sport il y a toujours moyen de se comprendre ! Si je peux recommencer les JO c’est avec plaisir. En plus il y a ceux d’hiver en 2030 qui s’annoncent dans les Alpes !   

- Derrière les Jeux - avec Lucie SCHOONHEERE, Prodige du skate

La jeune championne de France 2023 de 14 ans nous parle de sa découverte et passion pour le skate ainsi que des anecdotes sur son passage aux Jeux Olympiques 2024 ou la benjamine de l’équipe de France termine 11ème.  

Quand et comment as-tu commencé le skate ?  

J’ai commencé le skate entre mes 6 et 7 ans. Je voyais mon grand-frère en faire donc j’ai essayé aussi ! On a fait ça ensemble en quelques sortes (rires). Ça fait à peu près 2 ans que je suis à haut niveau et que je participe à des championnats du monde. 

Et quel est ton meilleur résultat ?  

J’ai fini 10ème en championnat du monde où on est séparé filles et garçons mais sans niveau d'âge. (NDRL : Lucie est aussi la championne de France 2023) 

Quelles sont les qualités requises pour ton sport ? 

Il faut de la rigueur et de la discipline, ça c’est sûr. Il faut aussi de la persévérance et être super perfectionniste car si tu ne l’es pas c’est compliqué ! Il faut que ça soit le mieux exécuté possible. 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce sport ? 

Ça me canalise beaucoup et il y a beaucoup de sensations. 

Comment tu arrives à gérer ton adrénaline ? Est-ce que tu as un petit rituel ? 

Je n’ai pas vraiment de rituel mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de stress. On sait à peu près ce qui marche sur nous au moment voulu. Et moi, ça dépend du moment, c’est au feeling. 

Tu n’as pas de stress devant ta famille ?  

Ce sont des échéances et des compétitions qui se passent loin, ils ne peuvent pas toujours venir. Je suis entourée d’autres rider et des entraîneurs. Et vu qu’il n’y a pas encore de compétitions en France car il n’y a pas encore de bonnes infrastructures, ils viennent me voir quand ils peuvent !  

Est-ce que tu as un sportif ou une sportive qui t’inspire dans ta discipline ou non ? 

J’admire beaucoup les personnes qui réussissent mais je n’ai jamais vraiment eu d’idole. 

Quel est ton plus beau souvenir aux Jeux Olympiques ? 

Quand j’ai réussi à passer mon run aux Jeux. C'était pas mal de soulagement parce j’ai attendu 2 ou 3 ans pour savoir si je pouvais y aller. J’y suis allée et il fallait que je montre que j’avais ma place. C’était super important pour moi de passer ce run. 

Et tu n’as pas eu trop de stress pendant ces Jeux ? 

Si quand même. C’est super différent par rapport aux pays où il n'y a personne que tu connais dans les gradins. Là c’était en France, il y avait 7 000 français à la Concorde. Et puis c’était devant ma famille. Mais je ne les ai pas vu, il y avait trop de monde ! 

Qu’est-ce qui a été le plus dur dans ces JO pour toi ?  

Je suis allée aux Jeux avec une entorse, que j’avais accepté il n’y avait pas de soucis, mais je me suis faite mal à l’un des derniers entraînements pendant les JO sur le skate Park. Je suis retombée sur l’entorse et je me suis fait une talonnade. C’était un peu compliqué, les kinés ne me l’ont pas dit sur le moment mais ils ne pensaient même pas que j’allais pouvoir participer mais ça s’est bien passé. J’ai eu très mal pendant ma performance j’avais du mal à monter sur la plateforme. Donc j’ai dû accepter que je ne ferai pas la performance voulue mais on a continué d’y croire et j’ai fini 11ème, j’ai gardé le mental.  

Tu arrives à l’avoir ce mental dans la vie quotidienne ou c’est vraiment dans le sport ?  

Oui c’est vraiment dans le sport, dans la vie de tous les jours il faut arriver à tenir une certaine rigueur c’est compliqué parfois, mais je suis motivée donc il n’y a pas de problème. Vu que je suis hyper perfectionniste, ça me tire vers le haut, ça m’énerve encore plus donc j’ai encore plus envie d’y arriver.  

Qu’est-ce que tu penses que ta participation à ces JO va t’apporter ?  

Ça m’a apporté de l’expérience pour performer correctement pour les JO de Los Angeles que je compte bien faire ! 

Et comment ça se passe pour être sélectionné en 2028 ?  

Ça se passe 2 ans avant les Jeux. D’abord c’est basé sur un circuit de qualification ou les pays peuvent présenter un certain nombre de riders, mais pour l’instant on ne sait pas encore combien la France va en avoir. Puis il va y avoir une deuxième phase de qualification avec 44 riders et il faut être dedans pour, peut-être, être sélectionné. 

À quel moment tu as su que tu allais participer à Paris 2024 ?  

Je l’ai su au tout dernier moment, un mois avant je crois, parce que les qualifications se sont terminées super tard et si tu n’es pas dans le top 20 mondial tu n’es pas sûr d’y aller.  

Et est-ce que maintenant que c’est terminé tu as un blues des JO ?  

Non pas du tout, je suis contente que ça soit passé et je suis toujours motivée pour la suite !  

- Derrière les Jeux - avec Romain RAMALINGOM-SELLEMOUTOU, Para-tireur

Le Champion du monde et recordman de France en 2018 et médaillé de bronze aux championnats du monde 2019 en pistolet 10 mètres, nous partage sa passion pour le tir et ses anecdotes pendant les Jeux Paralympiques de Paris 2024 où il termine 17ème. 

Quand avez-vous commencé le para-tir ? Où et Comment ? 

J’ai découvert le tir quand j’avais 14 ans, mais le tir au pistolet j’ai vraiment commencé la pratique fin 2016. À l’époque je vivais en Auvergne, à Montluçon, c’était dans un club juste à côté, le Rex club Domératois, et c’est dans ce club que j’ai fait mon apprentissage dans le para-tir au pistolet 

Était-ce par passion ou une découverte ? 

C’était par passion du tir mais par obligation de devoir arrêter la carabine car la position que j’avais me blessait beaucoup plus qu’autre chose et comme je ne voulais pas arrêter le tir, les copains du club, notamment mon meilleur ami, m’ont poussé à essayer le pistolet. A la base c’était un pur loisir, je n'avais aucune prétention quelconque et ça a été très vite, en 1 an de tir je suis passé de tout débutant à finaliste en coupe du monde en Croatie au pistolet 25m. 

Quelles sont les qualités requises pour cette discipline ?  

Comme dans beaucoup de sport il y a la rigueur, qui est quelque chose de fondamental, surtout que nous sommes un sport de répétition donc il faut vraiment s’appliquer à construire un geste qui soit le plus automatisé et répétable possible car notre but, lors d’un match de 60 coups, est de faire le plus de 10 possible. Pour ça il faut vraiment un geste régulier, performant. Il faut vraiment construire la régularité avec la performance. Ce n’est pas forcément une histoire de confort mais une histoire de “qu’est-ce qui peut marcher pour faire de la perf ?”. Pour cela, ce sont à la fois des aptitudes physiques, avoir une bonne proprioception, un bon équilibre, une bonne stabilité, une bonne endurance, un niveau cardiaque relativement faible ça peut aider, car plus les battements du cœur sont lents, moins on tremble, sachant que pour nous les tremblements sont quelques choses de très déterminants. Sur le plan mental, la gestion du stress et des émotions. C’est un sport qui n’a rien à voir avec les autres parce qu’il n’y a pas de concurrence directe quand on fait notre match. On est tous sur le même pas de tir, on sait ce que nous on fait mais on a aucune idée de ce que font les autres, donc on ne peut pas se comparer, sauf en jetant un coup d’œil rapide au tableau des scores, s’il y en a un. C’est vraiment un match avec et contre soi. 

Quelles sont les différentes distances de tirs ? 

Il y a le 10 mètres avec un pistolet à air comprimé qui envoi des plombs comme à la fête foraine de calibre 4.5. Il y a le tir à 25 mètres avec un pistolet de catégorie B (arme à feu) semi-automatique avec un chargeur de 5 coups. Il y a aussi du tir à 50 mètres, avec une arme de catégorie B aussi mais cette fois ci mono-coup (lorsque l’on a tiré une balle on doit recharger l’arme manuellement) de calibre 22.  

Quelle est la taille de la cible aux différentes distances ? 

A 10 mètres, le 10 fait 11mm de diamètre, à 25 mètres et 50 mètres il doit faire 2.5cm. 

En terme financier que représente une saison ? 

À haut niveau c’est du temps plein, nous ne sommes pas payés pour ça. On est détecté pour pouvoir représenter la France mais sans pour autant être payé. Si on veut poursuivre il faut faire preuve d’abnégation et ça représente énormément de temps, entre 15 et 40 heures par semaine si ce n’est pas plus. On doit se démultiplier, déjà que moi il me manque un morceau, mais si je me coupe en deux ça va être compliqué ! (Rires). Ça a également un coût. Une saison complète ça représente plusieurs dizaines de milliers d’euros. Les armes aujourd’hui ça a pris une claque notamment depuis le covid, j’ai acheté mon premier pistolet 25 mètres neuf il devait être à 1635€ en 2018, aujourd’hui c’est 1000 € de plus. Les sponsors que l’on a en général sont des équipementiers de tir, des munitions, armes. Dans certains pays des marques de sports types Adidas sont partenaires, mais pas en France. 

Les compétitions sont-elles toujours en intérieur ?  

Ça dépend, à 10 mètres en général c’est en intérieur. Par contre à 25 et 50 mètres ça peut être les deux. Par exemple à Châteauroux, pour les Jeux, les matchs pour les qualifications étaient en semi indoor/outdoor (là où sont les pas de tir, on est couvert, mais les cibles sont découvertes). Mais pour les finales, l’ensemble était en intérieur donc il n’y a pas d’impact sur le vent ni sur la luminosité (un gros changement de luminosité, visuellement, ça a un impact car plus il va y avoir de lumière plus l’impression visuelle va donner l’impression que le centre de la cible est petit et plus il fait sombre, plus on a l’impression que le 10 est gros du coup on est obligé d’adapter les réglages de l’arme)  

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre discipline ? 

J’aime tout ! Même s’il y a des épreuves dans lesquelles je suis moins performant, mais ce n’est pas parce que je suis moins performant que je ne les aime pas. J’aime le tir en général, même à la carabine, le tir au plateau. J’aime toutes les pratiques car je trouve qu’elles apportent beaucoup pour soi sur le développement personnel et sportif.  

Quelle est votre distance de prédilection ? 

Le 25 mètres. 

Comment gérer vous le stress, les grosses montées d’adrénalines lors des compétitions ? 

Ça dépend beaucoup des personnes. Pour ma part je travaille beaucoup sur “qu’est-ce qu’une compétition ? Qu’est-ce qu’un enjeu ?” etc.…. Par exemple pour les Jeux, on n'a pas arrêté d’avoir des discours ambivalents, d’un côté on nous disait “C’est la même cible, la même distance, la même arme, tout est pareil”, de l’autre on nous disait “Oui, mais c'est les Jeux !”. Je mettais un peu ça de côté, pour moi c’était vraiment une façon de tirer comme une autre, avec un enjeu important, forcément c’est un match, mais je ne me suis pas rajouté de pression parce que c’étaient les Jeux. Du coup j’ai bien réussi à intégrer tout ça et quand je suis arrivé sur le pas de tir au moment de l’épreuve, honnêtement je n’avais pas de stress ni de pression supplémentaire, je me sentais vraiment bien. J’arrivais à me concentrer sur ce que j’avais à faire. J’ai plus ou moins réussi, j’ai eu plus ou moins de réussite et de chance mais sur l’aspect mental j’ai vraiment eu une très bonne surprise personnelle en me disant que j’ai réussi à super bien appréhender ces Jeux Para.  

Le fait que ça soit à Paris il n’y a pas eu de pression supplémentaire ?  

Même pas ! En plus quand j’ai fait le match de qualification il y avait les gradins 15 mètres derrière nous, avec la famille et les amis qui étaient présent, j’avais une vingtaine de personnes qui étaient venues pour m’encourager. C’était plus motivant. Je pense que j’ai vraiment réussi à m’en servir comme une force supplémentaire mais sans la pression de me dire “il faut que je réussisse, il faut que, il faut que” etc.…. J’ai vécu ces Jeux de la façon dont je pouvais les vivre et au moment où j’ai vu que le match était terminé et que je n’étais pas en finale, forcément très déçu de la performance que j’ai faite, mais quand je me suis retourné et que j’ai vu que tous mes proches avaient le sourire jusqu’aux oreilles, et qui pleuraient de joie, je me suis dit “J’ai réussi mes Jeux, ils sont contents c’est ce qui compte”. Il faut savoir relativiser les choses, c’est sûr qu’on fait énormément de sacrifices pendant des années pour se préparer à cette échéance là, mais de se dire que notre vie en dépend pour certains ça peut être serveur. Moi ça m’a plus souvent porté préjudices qu’autre chose. Je m’en suis rendu compte et je me dis “Tant que le tir j’y arrive c’est bien, je me donne à fond, si un jour je sens que ça fonctionne plus j’arrêterai” mais ce n’est pas parce que j’arrêterai que ma vie s’arrêtera, au contraire je sais que j’ai un travail, des amis, une famille, j’ai tous ces éléments là-derrière que je n’ai pas envie de mettre de côté. Par contre oui une préparation ce sont quand même quelques sacrifices, quelques compromis qui ne sont pas toujours évident à prendre. L’avantage c’est que mes proches comprennent la situation. Ils comprennent aussi les enjeux de participer aux Jeux, j’ai un vrai soutien, c’est génial.  

Y’a eu une époque, quelques années en arrière, j’avais une copine qui me soutenait dans ma pratique. Mais un jour j’étais revenu d’un stage blessé physiquement, complètement perdu sur ce que j’allais pouvoir faire, et elle m’a dit “te prends pas la tête c’est juste du tir”. Mais moi, ce n’était pas ce dont j’avais besoin d’entendre. Et elle ne comprenait pas que je me mette dans cet état là pour cette pratique pour les enjeux qu’il y avait derrière. Sur le moment y’avait un soutien que j’espérais que je n’avais pas eu et c’est compliqué.  

Quel est le souvenir qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?  

Pendant ces Jeux, ça a été un vrai moment de partage avec mes proches que je n’oublierai jamais, des bisous, des câlins, des larmes, c’était génial. En termes de perf, quelque chose d’un peu extraterrestre. C’était une coupe du monde qu’il y avait eu en 2018 à Châteauroux, et il y avait une épreuve où ma mère et mon grand-père souhaitaient venir me voir et je leur avais dit “Venez pour telle épreuve il va se passer quelque chose !” Alors que je n’en avais absolument aucune idée. La veille de l’épreuve je me retrouve totalement bloqué, malaise vagal à cause des douleurs que j’avais aux cervicales et le lendemain matin en me réveillant je me dis “Bon je vais peut-être devoir abandonner” parce que j’étais toujours bloqué et dans la douleur. J’arrive, pas super en forme et en regardant le pas de tir y’a une pensée qui m’est venue spontanément “de toute façon les autres ils auront beau faire ce qu’ils veulent, je suis imprenable !”. Ce jour-là, je fais médaille d’or et record de France ! Je pense que pour tous les sportifs de haut niveau, pour atteindre ce haut niveau il ne faut pas s’arrêter à la première barrière. Mais pas que dans le sport, le meilleur cuisinier du monde, le meilleur pâtissier, ce ne sont pas des sports reconnus mais le gars, pour arriver meilleur, il est obligé de s’investir à fond et de repousser toutes les barrières. 

Qui est la personnalité qui vous inspire, sportif ou pas ?  

Je pense à celui qui m’a amené à faire du tir au pistolet. C’est le père d’une copine. La première fois qu’on s’est vu, c’est comme si on se connaissait depuis toujours.  On a noué un lien très fort dès le départ, on s’est retrouvé à travailler ensemble, où il était mon responsable direct. On allait à la salle de sport ensemble. On allait au tir ensemble. On vivait ensemble en fait. Quand on se parle on n'arrête pas de se donner des surnoms stupides, moi je l’appelle “mon vieux pépé qui pue”. Et quand j’ai terminé mon épreuve, aux Jeux, il y a eu 3 personnes devant lesquelles je me suis effondré en larmes : ma mère (grâce à qui je fais du tir et que je remercie vraiment pour absolument tout ce qu’elle a fait), ma compagne qui était présente, et “mon vieux pépé qui pue”. Pour la première fois, tous les deux, on a ouvert nos cœurs et ça a été un moment extrêmement fort.  

Qu’est-ce qui a été le plus dur pendant ces Jeux Paralympiques ?  

Pendant mon épreuve, le jour J, il y avait beaucoup de choses que je faisais bien mais qui ne payaient pas. Quand on a l’affichage des scores qui s’affiche aux moniteurs, ça se compte au dixième de point. Je voyais beaucoup de 9.8, 9.9, donc très très proche du 10, mais ça ne payait pas. C’était très frustrant. Et ce qui m’a beaucoup embêté, c’était que dans mon champ de vision, sur le pas de tir à côté de moi, j’avais un tireur hongrois, et pendant la partie vitesse de l’épreuve au pistolet 25m, il y a eu un incident de tir. Après la première balle tirée, il restait encore 4 balles dans son chargeur mais il a eu un problème avec son arme. Au lieu de poser son arme, en sécurité sur sa table de tir, de lever la main opposée pour appeler les arbitres, il a pris son arme et l’a secoué dans tous les sens. Moi j’étais juste à côté et je me suis dit “S'il se passe quelque chose, que ça soit pour lui, pour moi ou peu importe ...”. En vitesse, il y a le chrono à prendre en compte qui est le même pour tout le monde, l'espace d’un instant quand je voyais ce qui se passait à côté de moi je me suis dit “bon ok super” j’ai vu les points que je perdais à cause de ça et je savais que la finale allait être compliquée, mais on ne lâche pas ! Je me suis vraiment donné le plus possible sur la suite mais avec cet état de colère.... Il s’agit d’une arme, c’est dangereux en fonction de l’utilisation que l’on en fait. Ce qui m’a embêté c’est que les arbitres n’ont rien dit, mon coach ne l’a pas signalé et en plus de ça, sur la série d’après, les arbitres étaient venus voir les problèmes que rencontrait le tireur, mais c’était juste à côté de moi, ils mettaient des coups dans mon pare-balle sans faire exprès.  

Est-ce que vous pensez que ces JP ont été différents des précédents ?  Que quelque chose s’est déclenché autour de la vision du sport handicap ?  

Les Jeux de Londres (en 2012) ont été un vrai exemple de diffusion. Nous, ça nous avait déjà un petit peu touché, mais la première raison c’est aussi le fuseau horaire. Par la suite, il y a eu Rio (en 2016) où ça a été une catastrophe dans tous les sens, ensuite Tokyo (en 2021), qui a été bien géré mais avec le Covid et le fuseau horaire....  Là ce qui a aidé c’est que ça soit à domicile. Toutes les chaines de diffusions se devaient d’en faire autant pour les JP. À voir ce que ça va donner sur les prochaines Olympiades et Paralympidades, sachant que la prochaine c’est Los Angeles (en 2028), avec toujours ce problème de fuseau horaire pour le suivi des épreuves et après Brisbane en Australie (en 2032), donc même soucis. Est-ce qu’il y aura les mêmes types de résumés, les mêmes durées pour les deux ? Et pour l’engouement général, honnêtement j’espère mais je n’y crois pas.  

Vous ne pensez pas qu’il peut y avoir une nouvelle vision des sports para ? 

Sur la vision individuelle oui (des parents qui ont des enfants avec un handicap etc.). Mais sur la vision médiatique, malheureusement, je ne pense pas. Par exemple, là depuis les Jeux, quand on regarde les résumés des différents résultats sportifs, on ne parle plus des sports para. Plus personne n’en parle.  

Est-ce que vous avez un blues des JP ?  

J’étais content que ça se termine. J’étais content de les vivre mais aussi content que ça se termine. Ça représentait une épreuve, surtout sur ces derniers mois, extrêmement intense, énergivore, je n’en pouvais plus, même là je suis encore bien fatigué parce que depuis les Jeux je n’ai pas eu de vrais moments de pause car j’ai repris le boulot. J’attends la fin de semaine avec une très grande impatience parce qu’enfin je vais avoir une vraie semaine de congés. Je me suis réservé un coin perdu en France où y’a rien ni personne pour essayer de me ressourcer. J’étais vraiment content que ça se fasse, de les vivre, mais aussi que ça se termine. C'est une belle expérience et maintenant on avance pour la suite !  

Rendez-vous en 2028 ?  

On va essayer (Rires). En tout cas je vais tout faire pour.  

Comment se passe les qualifs ? 

Les compétitions donnent accès à ce que l’on appelle des quotas, elles ouvrent environ 2 ans avant les Jeux. Pour gagner un quota, c’est une histoire de place mais pas de 1er, 2ème ou 3ème. Par exemple si on arrive 4ème et que les trois premiers ont déjà leur quota, c’est le 4ème qui l’obtient etc.….  

Quelles sont vos futures échéances ? 

Normalement, si on fait les compétitions internationales du calendrier 2025, il doit y avoir une coupe du monde aux Emirats en février, une coupe du monde en Corée qui doit être en avril, des championnats du monde en juin en Inde, un grand prix en Allemagne et peut être en France, mais je ne me souviens plus des dates, et un championnat d'Europe qui devrait se tenir en août ou en septembre mais on ne sait pas encore où.  

Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ? Une petite anecdote marrante ? 

En 2019 quand je fais la médaille de bronze aux championnats du monde, c’était une épreuve où j’arrive sur le pas de tir avec une autre tireuse et un autre entraineur de l’époque. 5/10 mins avant le début des épreuves on n’arrêtait pas de se raconter des blagues, on était mort de rire sur le pas de tir, on en pleurait tellement on n’en pouvait plus et un moment on entend “Athlètes à vos postes”, nous on était encore morts de rire. Je commence un peu mal mon match, sur la suite ça va un peu mieux mais je ne suis pas content de ce que je fais. À la fin du match, je vois mon entraineur et le responsable des équipes de France qui agitent un petit drapeau France en me regardant. Moi la première chose que je leur dis c’est “Qu’est-ce que vous avez à vous moquer de moi encore bande d’idiots ?”. Et là ils me disent “mais c’est toi l’idiot, regarde le tableau tu es 3ème !” (Rires) 

Vous n’aviez pas vu ? 

Ah non je n’étais vraiment pas content de moi, je savais que je n’étais pas très loin, que je devais être dans le top 5, mais pas sur le podium. Donc je vois le panneau d’affichage, qui était vraiment à l’autre bout de la salle, je suis le seul à avoir un nom à rallonge qui se termine par “...” tellement il est long, et du coup je vois la ligne qui sépare les médaillés des autres tireurs et je vois le nom à rallonge au-dessus de la ligne à la 3ème place.  

Paris 2024 : nos résultats girondins !

 

Bravo à tous les athlètes girondin·e·s ayant participé aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

On a vibré avec eux, on espère les revoir en 2028 !

En attendant, voici les résultats pour chaque sportif·ve.s licencié·e·s en Gironde !

Rencontre avec Mickael Miguez, champion d'Europe 2022 de cécifoot !

Mickael Miguez, joueur de cécifoot depuis 2012 à l’UNADEV Bordeaux, a remporté de nombreux titres nationaux et internationaux, dont le championnat d'Europe en 2022. Passionné de foot, il jongle entre sa carrière sportive et son travail de kinésithérapeute libéral. Mickael considère les Jeux Paralympiques comme le graal de sa discipline. Le CDOS Gironde est derrière lui ! 

Quand as-tu commencé le cécifoot et où ? Comment es-tu venu à pratiquer cette discipline ? 

J’ai commencé le cécifoot après les Jeux de Londres en décembre 2012 à l’UNADEV Bordeaux. Du fait de ma déficience visuelle, arrivé à un moment ce n’est plus possible de jouer en valide car ma vue avait vraiment baissé. J’ai entendu parler du cécifoot grâce aux Jeux de Londres et de la médaille d’argent de l’équipe de France. Je m’y suis intéressé et j’ai découvert qu’il y avait un club sur Bordeaux ! La pratique était beaucoup plus adaptée pour moi. 

Où en es-tu aujourd’hui dans ton parcours ? Quels sont tes derniers titres ? 

J’ai été plusieurs fois champion de France et vainqueur de la coupe de France avec le club de Bordeaux. L’année dernière, on a été champion de France mais on a perdu la coupe de France aux tirs au but. Au niveau international, je suis champion d'Europe avec l’équipe de France en 2022 à Pescara (Italie). On est vice-champion d’Europe en 2019 à Rome. On a participé aux Jeux de Tokyo en 2021. On a fait deux coupes du monde, une en 2018 où ça a été compliqué pour moi et l’été 2023 à Birmingham, on termine 7ème car on perd en quart de finale contre le Brésil. 

Dans quel club es-tu licencié ? 

Je suis toujours licencié dans le club de l’UNADEV Bordeaux. 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton sport ?  

Ce que j’aime le plus dans mon sport c’est la cohésion de groupe, le fait de faire un sport où on est plusieurs, où il y a une ambiance de groupe. J’adore aller décrocher des titres et performer collectivement. 

Quel est ton plus beau souvenir dans ce sport ? 

Mon plus beau souvenir je pense que c’est en 2022, le titre de champion d’Europe à Pescara ! Quand on voyait les autres équipes on se disait qu’ils étaient vraiment très forts et on a réussi collectivement à aller décrocher ce titre de champion d’Europe. Je pense que personne ne s’y attendait.  

As-tu été inspiré par une sportive ou un sportif ? 

J’aime beaucoup Andres Iniesta qui est un joueur espagnol qui jouait dans les années 2000/2010 au FC Barcelone. C’est un battant, il ne lâche rien. On le voit à sa préparation, à sa carrière et aux nombreux titres qu’il a eus. C’est vraiment un super joueur ! 

Est-ce que tu es sportif professionnel ou est-ce que tu as une activité à côté ? 

Je suis athlète de haut niveau avec les contraintes de l’amateur (rires). Je suis kinésithérapeute libéral, j’ai un cabinet sur le Porge (Gironde). 

Depuis quand les Jeux Paralympiques sont un objectif ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ? 

Pour le cécifoot les Jeux c’est le graal, c’est la plus haute compétition, c’est une vitrine nationale et internationale. C’est quelque chose de très particulier, les Jeux c’est vraiment le summum des compétitions. C’est très important, mais les autres compétitions restent aussi très importantes. Les Jeux c’est quand même particulier parce que ça réunit les huit meilleures nations au monde qui s’affrontent pour décrocher une médaille (au moins une des trois couleurs). 

À quoi ressemble ta journée type ? 

Mes journées sont toutes différentes ! Par exemple, pour ma journée du mercredi, je pars à l’entraînement le matin, on s’entraîne de 10h à 12h. A midi je pars au Porge pour aller travailler dans mon cabinet jusqu’à 20h/21h, je rentre, je mange et je me repose. Si je prends ma journée du samedi, j’ai entraînement de 9h à 11h et l’après-midi je me repose et je fais des étirements. C’est vraiment très aléatoire mais souvent c’est entraînement, travail, repos ! 

As-tu un conseil, un petit mot à faire passer à celles et ceux qui aimeraient un jour suivre ton exemple et peut-être participer aux Jeux Paralympiques ? 

Au-delà de faire les Jeux Paralympiques, lorsqu’on fait des compétitions, il ne faut rien lâcher. Il y a des hauts et des bas comme dans toute carrière sportive, on ne peut pas tout le temps être en haut mais il ne faut vraiment rien lâcher ! L’échec, c’est ce qui nous permet de mieux rebondir, on apprend de ses erreurs. 

Rencontre avec Marie Vonderheyden, para cavalière de dressage !

Marie Vonderheyden, para cavalière de dressage, vise les Jeux Paralympiques de Paris 2024 avec détermination ! Après ses succès internationaux, cette athlète persévérante continue de s'entraîner pour atteindre ses objectifs. Le CDOS Gironde est derrière elle et ne doute pas que sa force et son travail la mèneront vers la réussite ! 

Quand as-tu commencé l'équitation et où ? Comment es-tu venue à pratiquer le para dressage ? 

J’ai commencé à l’âge de 6 ans avec ma maman qui tenait un club et qui montait en dressage. C'était dans la région bordelaise à Vayres, puis a Pompignac, ensuite en compétition de CCE (concours complet d’équitation) aux écuries Favereau. 

Avant mon accident, je travaillais pour une cavalière de saut d'obstacles et je montais ses chevaux… Après mon accident, on m'a remis à cheval en équithérapie parce que maman pensait que ça serait bon pour ma rééducation. A vrai dire le cheval m’a mis à terre, mais il m'a aussi permis de me réparer.  Au fur et à mesure, comme j'aime la compétition, j'ai débuté le paradressage et cette discipline m’aide énormément pour évoluer. 

Où en es-tu aujourd’hui dans ton parcours ? Quels sont tes derniers titres ? 

Aujourd’hui je me prépare intensivement car j’espère être sélectionnée pour aller aux Jeux Paralympiques 2024 avec mon cheval BOMBASTIC D’ARION. 

Mon dernier concours international (CPEDI 3*) était à Fontainebleau fin avril et j'étais 1ère aux 3 tests, de plus la seule française à recevoir la 1ère place.  

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton sport ?  

Ce que j’aime le plus dans mon sport c’est le contact les chevaux, de pouvoir les faire évoluer dans la performance. Je suis aussi très motivée par la compétition, ça j'adore ! 

 Je me sens plus capable d'accomplir des choses à cheval maintenant que à pied. 

Quel est ton plus beau souvenir dans ce sport ? 

Mon plus beau souvenir dans ce sport, c'est ma rencontre avec d'autres para athlètes, on se rend compte qu’on est moins seul. 

As-tu été inspirée par une sportive ou un sportif ? 

J’ai été inspirée par Rihards SNIKUS de Lettonie, ce garçon gagne tout, il est en grade et a un courage fou car il ne peut pas parler. Il y a beaucoup de respect entre nous. 

J'admire aussi l’athlète girondin Laurent Chardard, que j'ai eu le plaisir de rencontrer lors d'un regroupement de para athlètes.  Il se prépare comme moi mais en natation. 

Je suis très inspirée par tous ces gens dont la vie a changé et qui demeurent positifs. 

Est-ce que tu es sportive professionnelle ou est-ce que tu as une activité à côté ? 

Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de mon sport. 

Depuis quand les Jeux Paralympiques sont un objectif ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ? 

Les JP sont un objectif depuis 2019 lorsque j'ai recommencé à monter en concours !! 

D’arriver à atteindre cet objectif c’est immense… c’est un concours x 100. De passer par des JP dans le monde, pour moi c'est irréel, c'est difficile de me dire que je peux peut-être arriver à ça, mais ces JP me motivent. Les JP pourront me permettre de pouvoir parler du handicap et de l’intégration dans la société à notre niveau.  Vivre un challenge de ce genre m’aide à continuer d’évoluer et de progresser. C’est un facteur de grande rééducation et de projection de vie.  

À quoi ressemble ta journée type ? 

Je suis très lente… j'ai besoin de 2h pour me préparer le matin, ensuite je pars m'entrainer à cheval, je fais des soins et analyse, puis le déjeuner et la sieste / dans l’après-midi, je suis soit à cheval, soit en salle de gym avec coach, soit en préparation mentale et théorie.  

Je passe aussi du temps sur ma communication et mon Instagram. 

As-tu un conseil, un petit mot à faire passer à celles et ceux qui aimeraient un jour suivre ton exemple et peut-être participer aux Jeux Paralympiques ? 

Si j’ai un conseil à donner, c’est de rester dans son projet, de se fixer des objectifs même si on change, et de toujours avoir une ligne de conduite. Il ne faut jamais abandonner son projet et accepter l'aide des autres car on ne peut pas y arriver seul. 

Ce n’est pas toujours facile mais ça aide de garde des objectifs, il faut rester focus. On a l’impression de s’isoler beaucoup mais à la fois, vivre des challenges nous permet de continuer de vivre. 

Rencontre avec Benjamin Garcia, Champion du Monde et Champion d’Europe de skate !

Champion du Monde et Champion d’Europe de skate, Benjamin Garcia nous livre une interview sincère et captivante ! Animé par le partage de sa passion et la convivialité de sa discipline, il aimerait un jour pouvoir vivre son rêve des JO ! 

Quand as-tu commencé le skate et où ? Comment es-tu venu à pratiquer cette discipline ? 

J’ai commencé le skate à l’âge de 13 ans. J’ai débuté de manière assez simple, comme beaucoup de skateurs, c’est un voisin qui était en cours avec moi qui venait en skate au collège. Un jour il m’a fait essayer et j’ai accroché. A partir de là, pour partager des moments avec lui j’ai dû avoir mon propre skate. C’est ma grand-mère qui me l’a acheté et je n’ai jamais lâché ! Forcément quand on commence le skate, on n’imagine pas que ça puisse devenir un métier. C’est le fruit du travail qui a permis cette consécration mais à la base c’était un jeu et ça reste toujours au fond. 

Où en es-tu aujourd’hui dans ton parcours ? Quels sont tes derniers titres ? 

Il y a quelques années j’ai été champion du monde et champion d’Europe. Ensuite, il y a eu tout le parcours pour les Jeux Olympiques que ce soit pour Tokyo ou pour Paris. Jusqu’au mois de février, j’étais toujours potentiellement qualifiable pour les JO de Paris 2024 d’après notre coach de l’équipe de France. Mais la Fédération de skate a fait le choix en février de ne plus m’amener sur les étapes qualificatives sans aucune raison. Je reste un peu sur ma faim sachant que notre coach de l’équipe de France m’avait inscrit sur l’étape qui me permettait de rentrer dans le top 44 pour finir la qualification. Je n’ai eu aucune explication de la part de la fédération. Ils ont préféré amener des riders qui n’étaient pas qualifiables parce qu'ils avaient fait de mauvais résultats dans le parcours qualificatif des Jeux. Je ne comprends pas trop cette décision. C’est au niveau de la DTN qu'ils ont réfuté le choix du coach qui m’avait inscrit. Quand c’est un choix de la DTN on ne peut rien faire, il n’y a pas de recours possible. 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton sport ? 

Ce que j’aime le plus dans mon sport c’est le côté liberté d’expression et la communauté qu’on a dans notre sport. C’est à dire qu’on va vraiment être toujours tous ensemble entre potes, même s’il y a des enjeux et de la compétition. C'est vraiment le propre du skate, même au moment des compétitions on se félicite tous et on est tous ravis pour la réussite de nos potes, même s’ils viennent d’autres pays. On voyage toute l’année tous ensemble à travers plusieurs circuits différents, il y a le moment compétition de la journée, mais le reste du temps on vie ensemble, on est très fraternels et il a beaucoup de fair-play. 

Quel est ton plus beau souvenir dans ce sport ? 

Mon plus beau souvenir il est en Jamaïque. A l’issue d‘une compétition en Floride, le directeur du club de Paris m’a invité à venir en Jamaïque pour rencontrer la culture du pays. Après ce voyage et après avoir fait skaté énormément d’enfants qui, eux, n’avaient jamais vu un skate, ça a été comme un électrochoc pour moi. Ce souvenir restera pour toujours en moi parce que c’est après ce voyage que je me suis donné à 100% pour tous les jeunes que ce soit en France ou en dehors de nos frontières. C’est aussi à partir de là que j’ai créé l’association Bordeaux Skate Culture. Il faut savoir qu’au départ j’étais assez concentré sur ma carrière d’athlète égocentrique. J’étais fixé sur moi-même, à vouloir performer et être fier de moi, et à partir de ce voyage-là, je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de beaucoup plus riche sur lequel je pouvais voyager et m’épanouir : le partage. 

As-tu été inspiré par une sportive ou un sportif ? 

Le skate est une forme d’art, et on s’inspire énormément du style des autres skateurs du monde entier. Chaque skateur va avoir une certaine affinité avec certains styles de skateurs. A partir de là, j’ai eu mes inspirations comme Miles Silvas. C’est un skateur qui s’est exprimé dans la rue avec des exécutions qui lui sont propres. J’essaye de m’imprégner de ses inspirations. Il y a aussi Ishod Wair. Encore une fois, le skate se pratique ensemble et pas seul, vous ne verrez jamais un skateur tout seul. On s’inspire aussi de ses amis, on va s’entraider et se challenger. 

Est-ce que tu es sportif professionnel ou est-ce que tu as une activité à côté ? 

Mon activité principale est d’être skateur professionnel car je suis athlète pour Decathlon skateboarding. J’ai d’autres sponsors à côté qui me permettent de vivre de ma passion. À la suite de mon voyage en Jamaïque en 2019, j’ai monté l’association Bordeaux Skate Culture pour laquelle j’ai été bénévole pendant des années. Grâce à une subvention de l’Agence Nationale du Sport, l’association a réussi à me salarier pour mon poste de directeur depuis novembre 2023. 

Tu es licencié dans quel club ? 

J’ai commencé dans un club qui s’appelait Board’o. Ensuite, en 2017 je suis passé chez Paris Skate Culture pour représenter la ville de Paris. Puis Bordeaux m’a pris sous son aile cette année pour représenter la ville de Bordeaux. Je suis donc licencié chez Bordeaux Skate Culture. 

Est-ce que tu as toujours des liens avec ton premier club ? 

Non je n’ai plus de liens avec mon premier club. C’était un club emblématique de Bordeaux qui a été géré par un skateur. Mais lorsqu’il est parti à la fédération, le club a coulé.  

Pour le club de Paris Skate Culture, j’ai de très bonnes relations avec eux parce que c’est avec eux que nous avons le projet en Jamaïque pour l’association Jamaïca Skate Culture. C’est grâce au club de Paris qu’on a fondé Bordeaux Skate Culture. 

Depuis quand les JO sont un objectif ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ? 

Les JO ça a été un objectif depuis que le skate est rentré aux Jeux en août 2018. Ça a toujours été un objectif de partager ce moment avec des athlètes issus d’autres sports. C’est vraiment quelque chose que je voulais vivre et que je souhaite vivre une fois dans ma vie. J’ai eu la chance grâce à la ville de Paris de participer l’année dernière à la répétition du bateau de la cérémonie d’ouverture sur les quais de la Seine, avec les différents athlètes, notamment Usain Bolt. J’ai eu un avant-goût de ce que pouvaient être les JO et c’est quelque chose que j’aimerai vivre un jour. Le skate n’a pas du tout besoin des JO, c’est plutôt les Jeux qui ont besoin du skate pour un manque d’audience chez les 18-25 ans. 

C’est vrai qu’aujourd’hui, pouvoir participer à cette compétition avec tous mes potes ça serait extraordinaire.  

À quoi ressemble ta journée type ? Quel est ton emploi du temps à l’approche de ces JO ? 

J’ai eu un grand changement dans ma vie parce que je suis devenu papa en septembre 2023. Ma journée se résume à me lever le matin, à amener mon petit garçon à la crèche pour 9h30. Ensuite, le matin je vais à la salle de sport et je vais skater sur la pause du midi. L’après-midi je travaille pour les différents projets de l’association et pour les cours du club. Je vais chercher mon fils à 18h et je passe le reste de ma soirée avec lui ! 

As-tu un conseil, un petit mot à faire passer à celles et ceux qui aimeraient un jour suivre ton exemple et participer aux JO ? 

Si j’ai un conseil à donner, c’est de s’essayer, de ne pas rester intimidé par ce que peut dire la société. Si vous avez un projet ou un rêve, il faut l’essayer. Si vous y arrivez tant mieux, vous serez super content. Si vous n’y arrivez pas, vous serez tout aussi content dans l’idée où vous n’aurez pas de regrets. Il n’y a rien de pire que de grandir avec des regrets, en sachant qu’une carrière sportive s’arrête quand même assez prématurément. On sait pertinemment qu’à partir d’un certain âge le sport de haut niveau n’est plus possible, il faut vraiment s’essayer à ses rêves !